Exposition d’art Aborigène “Ngura Wintjiri – Expansive Country” - Aboriginal art from Australia

En association avec les artistes du centre d’art d’Iwantja.
A la galerie Aboriginal Signature Estrangin : 101 rue Jules Besme, 1081 Bruxelles.


Vernissage sur RDV le mardi 2 avril de 11h30 à 21h30.
A 20h - discours du directeur de la galerie et drink.
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Ensuite la galerie vous reçoit sur RDV, du mercredi 3 avril au samedi 27 avril 2024, du mardi au samedi, de 11h à 19h : vous pouvez également réserver votre visite dés à présent dans notre agenda ici.

Ngura Wintjiri – Expansive Country

La galerie Aboriginal Signature Estrangin est fière de vous présenter l’exposition «Expansive country», réunissant 30 peintures sur toile réalisées par 12 artistes Aborigènes d’Australie de la communauté artistique d’Iwantja, des anciens nés comme Alec Baker (1932), Nelly Ngampa Coulthard (1947), Maringka Burton (1950), René Sundown et Emily Culinan (1952), à la plus jeune génération issue des années 1970 comme Priscilla Singer (1968), Julie Yatjitja (1969), Yatjiki Cullinan (1970), Rosalind Tjanyari (1971), Eric Munti Riley (1973), et 80 comme Sallyane Roberts (1986), sélectionnées suite à de longs périples en Australie.

Après quelques 650 km de route asphaltée, puis de terre rouge en tôle ondulée, me voilà aux portes du désert rouge dans le APY Land.À l’arrivée au centre d’art d’Iwantja en 2018, je vois deux voitures de police à l’entrée et deux grands gaillards des services spéciaux. Ils me jaugent sans poser de question et me laissent entrer dans le bâtiment.  

Œuvre de l’artiste Nellie Ngampa Coulthard - Tjuntala Ngurangka (Country with Acacia Wattle) - 198 x 167 cm - 684-22. © Photo : Aboriginal Signature Estrangin Gallery with the courtesy of the artist and Iwantja Arts.

Le Premier ministre de South Australia visite la communauté. Les artistes sont presque tous là. Quel plaisir de les rencontrer à nouveau. La presse, les photographes sont aussi de la partie et les flashes palpitent autour d’eux avec les œuvres en préparation d’où émanent des odeurs d’acrylique fraîche.

J’échange quelques mots forts sympathiques avec le Premier, The Hon Steven Marshall MP, qui porte un vif intérêt à ce mouvement artistique et collectionne leurs œuvres. Il a rencontré Emmanuel Macron il y a quelques semaines, la France ayant signé un gros contrat de vente de sous-marins avec l’Australie, qui sera bien plus tard annulé.

Il souligne que les liens y compris culturels sont forts entre l’Australie et la France, avec par exemple plus de 140 œuvres du Musée d’Orsay actuellement exposées à Adelaide comme des œuvres de Monet... nous échangeons même quelques mots en français. Et j’immortalise sa visite sur la pellicule, avec le grand artiste Alec Baker née en 1932, actuellement présenté en 2024 à Bruxelles dans l’exposition « Expansive country ».

Les journalistes présents m’interviewent également pour avoir le point de vue d’un galeriste européen, sur ces artistes célébrés en Australie et à travers le monde. Beth et Heath, les deux managers, tiennent la barre du beau navire Iwantja avec la présidente et le board des directeurs, tous Anangu Aborigènes. Cette structure communautaire accomplit ici encore des merveille avec des œuvres fortes, connectées, embrasant l’espace et le temps. Leurs habits tachetés de jets de peintures, reflètent l’éclat des pigments et l’intensité créative propre à ce lieu et aux peintures à venir. Nous avons en fin de journée le temps d’un bel échange sur des projets futurs en commun.

En fin de journée je me rend à Mimili, un peu plus loin, où je dormirai ce soir. J’y retrouve un bébé kangaroo à qui je donnais le biberon il y a juste un an. Il est un peu lourd sur mes genoux. Mais il continue de téter goulûment le biberon que je lui offre ce soir. Peut-être me reconnaît-il ? Quel contraste.

Peinture de l’artiste Rene Sundown - Ngura Tali - Sand dune Country - 152 x 122 cm - 283-23. © Photo Aboriginal Signature Estrangin Gallery with the courtesy of the artist and Iwantja Arts.

Cinq ans plus tard, ce 14 juillet 2023, il n’y a qu’en France que c’est la fête.

Ici règne la tristesse dans la communauté. Ce matin vers 8h je reçois un message du centre d’art d’Iwantja où je devais me rendre pour la journée. Une jeune femme vient de mourir dans la nuit d’une crise cardiaque. La communauté est fermée et ne peut plus accueillir y compris dans les jours qui viennent. C’est si soudain. En ville on aurait sans doute pu la sauver. Ici c’est si éloigné que les secours restent critiques.

Le sorry business (activité de deuil) va commencer, avec la famille disséminée sur des milliers de km. Ils vont maintenant rejoindre le village puis organiser pendant des semaines les cérémonies et l’au-revoir dans son homeland, ce lieu où elle est née, sa terre ancestrale, plus loin encore dans le bush.

Il faut organiser le voyage, le campement souvent à des centaines de km pour 50 à 100 personnes : couchages, tentes, nécessaires de cuisine, eau, nourriture, médicaments pour les personnes âgées… c’est une expédition coûteuse.

De mon côté faire 20 000 km pour une porte close est un peu rude. Mais il en va ainsi par ici. Nous ferons la sélection des œuvres un peu plus tard pour l’exposition « Expansive country » du mois d’avril 2024 à Bruxelles.

Changement de programme. Je vais me promener sur les sommets des collines de pierre de Mimili où la vue est prodigieuse au matin et le soir pour admirer les lumières rasantes du soleil couchant. Elles révèlent les formes, les distinguent et érigent ces pierres d’ailleurs en sculptures improbables des grands ancêtres, comme des empreintes des temps de la Création, comme autant d’éléments conjugués dans le paysage qui aident à comprendre les œuvres d’art de ce grand peuple.

Peinture de l’artiste Trisha Singer - Tali Ngura (Sandhill Country) - 167 x 152 cm - 214-23 © Photo : Aboriginal Signature Estrangin Gallery with the courtesy of the artist and Iwantja arts.

Les peintures de l’exposition « Expansive country » offrent un aperçu du lien profond entre les artistes de la communauté d'Iwantja et la terre qu'ils habitent. Chaque coup de pinceau est une révérence aux histoires du Tjukurpa ou temps du Rêve, imprégné d'un sentiment d'appartenance unique à une terre modelée par le geste des ancêtres créateurs.

Ces 12 hommes et femmes qui exposent ici leurs œuvres à Bruxelles sont bien plus que des artistes. Ils sont les gardiens de ces lieux sacrés. Ils sont les témoins d’une histoire transmise depuis les origines sans interruption par les miracles de l’oralité et de leurs systèmes d’initiation.

Dans cet univers de couleur, avec ces jeux de textures sur les toiles, ces structures aux formes ondulées vectrices de signes signifiants, les artistes manifestent un profond respect de la terre, comme poutre faîtière de leur société et culture, qui transcende le temps et continue d’inspirer les générations à venir.

Nous nous réjouissons de vous accueillir au sein de la galerie à Bruxelles, dans notre espace de 250 m2 tout entier dédié à ces grands et petits trésors d’Australie.

Bertrand Estrangin
Directeur de la galerie

Peinture de l’artiste Eric (Mungi) Barney (1973) - Ngura (Country) - 152 x 122 cm - 192-23 © Photo : Aboriginal Signature Estrangin Gallery with the courtesy of the artists and Iwantja arts.


Découvrez les peintures disponibles à Bruxelles durant l’exposition :